Le signe

Pouvons-nous prétendre que nous pourrions changer le monde par un simple signe ? Pouvons-nous détruire quelqu’un ou bien une pensée ancrée et universelle d’un revers de main ? Faire disparaître une civilisation, un monde, ou bien tout simplement une personne, en levant simplement son pouce ? Est-ce qu’un geste pourra nous permettre d’être plus fort, plus humain, plus vivant ?

Qu’est-ce qui caractérise au mieux la vie ? Le mouvement. Le mouvement est par logique l’élément le plus caractéristique de la vie. Cela veut-il dire, qu’à nouveau par logique, l’immobilité est synonyme de mort ? Physiquement, non. Intellectuellement, l’inertie peut en être considéré comme l’un des symptômes. Si nous ne pensons pas, si nous ne pensons plus ou ne pouvons pas penser, notre libertine conscience se voit emprisonner dans une cage incorporelle, qui se referme peu à peu jusqu’à la strangulation de notre propre personne, et nous pousse, par manque d’oxygène créatif, à une fin inévitable. Le mouvement ne se limite pas uniquement à bouger, mais sa spécificité peut s’étendre à une pensée, à un état d’esprit, à un espoir illimité. Ces parties du mouvement, ce sont celles qui existent le moins aux yeux des Hommes, mais elles sont pourtant les plus importantes, les plus révolutionnaires, les plus évolutives, et elles restent les plus indestructibles. Aucun homme, aucune armée, aussi influents soient-ils, n’ont jamais pu détruire l’avis que chacun se construit, et fait ainsi de cette forme de mouvement, la plus grande force qu’un être digne d’une conscience soit doté. Elle lui permet donc, par une simple poussé de volonté, de se transformer en l’individu le plus ravageur que le monde ait pu édifier. Et c’est à partir de cette idée, mouvement réflectif, que quiconque pourra par la suite pousser le monde à s’agenouiller devant lui, et réussira, par une simple et inoffensive manifestation physique, à imposer sa domination à l’échelle nationale, mondiale, voire universelle. Le geste pourra, par la mobilisation d’une volonté considérable, être détruit, anéantit, mais non l’idée, qui deviendra elle, plus dominatrice et imprégnée qu’elle ne l’a été lors de sa création, et réussira par sa mobilité incorporelle, à se propager dans tous les esprits pour les occuper et les diriger, comme l’est son but premier. Ainsi, une civilisation, une religion, un mouvement de pensée pourrait effectivement se voir éradiquer de la surface du monde, et bien plus encore, des esprits et des mémoires. Le danger ne proviendra jamais de là où on l’attend, mais bien du fond le plus obscur d’un esprit malade qui se gardera bien de nous présenter son ouvrage. Et c’est de cette manière qu’un signe a déjà pu de nombreuses fois au cours de l’histoire, illustrer et accomplir le projet d’une idée.